Une plate-bande plutôt qu’une haie et le monde change !
Une plate-bande plutôt qu’une haie et le monde change !
Plus un jardin est de taille réduite, plus il est intelligent, habile et utile de le rattacher visuellement à d’autres jardins environnants. Ici une forte haie séparait depuis longtemps deux charmants petits jardins aux caractères bien différents. Après que les deux propriétaires en aient convenu, la haie a été remplacée par une belle plate-bande fleurie ; laquelle ici est une véritable révolution : les deux jardins, d’abord ne semblent plus faire qu’un et l’espace a plus que doublé. Le léger compartimentage de tout espace l’agrandit en effet visuellement dès lors que l’œil n’embrasse pas tout en une fois et qu’il faut – pour lever le mystère et satisfaire sa curiosité- légèrement se déplacer et avancer pour découvrir ce qu’il y a plus loin ; ainsi l’art des jardins est-il aussi souvent de subtilement intriguer le visiteur et lui donner envie d’aller regarder plus loin…
Jardins complémentaires
Les deux propriétaires ayant accepté que leurs deux jardins librement se regardent et se parlent, ils en sont aussi devenus, par une extraordinaire magie, parfaitement complémentaires. Ainsi l’un, légèrement plus ancien et aux essences hautes, bien installées et persistantes en hiver, semble monter la garde et protéger le deuxième jardin plus récent et aux formes plus graciles, aux hauteurs moins grandes et floraisons abondantes et très échevelées. L’un serait ainsi un peu plus fou et jouisseur des couleurs de l’été tandis que l’autre, plus raisonnable réserverait sa fantaisie aux très beaux contrastes de verts profonds et feuillages variés, certains magnifiquement luisants… Malgré leurs styles différents, ces deux jardins ne se heurtent pas ; ils additionnent leurs avantages et qualités.
Jardins révélateurs
Pour qui sait regarder, tout jardin en dit toujours beaucoup sur le jardinier ou la jardinière : son esprit de tolérance, ses certitudes ou l’absence de ses certitudes ; son envie de légèreté, d’imprévu ou, au contraire le besoin de protection et d’éloignement du voisinage. Quand une frontière tombe, c’est que l’intérêt pour l’autre et ses différences l’a emporté.
Confronter les beautés
Apprendre à regarder plus loin, c’est aussi découvrir l’infinie variété des espèces et l’intérêt extrême qu’il y a à jouer de leur cohabitation. Pour apprécier l’originalité et la beauté d’une plante, rien ne vaut comme sa confrontation avec d’autres beautés. Ainsi se révèle une couleur ou teinte exclusive, un toucher de feuillage particulier, une souplesse de tige sensible au moindre souffle annonciateur de vents plus puissants ou d’orages violents. Chaque plate-bande peut être ainsi source de découvertes et d’observations.
Apprécier l’imprévu
Ici, par exemple, les graines d’anciens cosmos ne veulent pas abandonner le terrain et la propriétaire s’émeut de leur insistance à rester. Quitte à troubler un peu l’ordonnance et dessin des nouvelles platebandes, elle tolère leur présence très vivante ; comme une part d’impromptu précieuse et joyeuse : la nature et son inlassable improvisation.
Le Rhône sous le balcon
Ici, à l’exacte frontière entre deux cantons, le Rhône est tout proche. Et ses sables et limon riches en minéraux sont une bénédiction pour le jardinier avisé. Comme là, autour d’un pilier de balcons, où Miseenscène a choisi de permettre au jardin de s’élargir contre la façade. Paradis des herbes sèches et graminées, ce décor est celui, provisoire et d’autant plus émouvant, du lit des rivières entre les crues. En quelques semaines des plantes s’y développent juste avant la prochaine montée des eaux. De mille manières, tout jardin peut ainsi faire référence au paysage environnant. Il se relie subtilement à lui, à ses lignes, sa géologie et son destin naturel et humain.
Ouverture sur le lointain
Autre avantage considérable de la destruction de l’ancienne haie, : l’ouverture spectaculaire et profonde sur le paysage plus lointain ; le regard s’y perd tandis que, tout autour, la puissante et admirable verticalité de la nature explique l’importance historique et stratégique de l’endroit.
Le charme infini de l’ailleurs
Ici entre les jardins, les barrières ne sont que symboliques : enfants et animaux peuvent et savent se glisser et circuler : et avec eux un les souffles légers et parfumés de la liberté et du plaisir de vivre et découvrir, plus loin, quelque chose de plus…
Pour visualiser “l’avant et l’après” de notre intervention, glissez, à gauche ou à droite, l’œil du rond jaune…