Le jardin condamné à séduire
Le jardin condamné à séduire
Quand il arrive devant l’entrée, c’est devant un étrange grand rectangle en métal que le visiteur attend qu’on lui réponde. Si l’attente se prolonge ou s’il est curieux, il peut toujours, à travers des ouvertures qui forment autant de tableaux vivants, chercher à voir le reste du jardin- et peut-être ses propriétaires.
Fusion de nature et de modernité.
Ainsi, au sud, le lien avec la maison se fait-il par des passerelles aux formes géométriques très libres, comme si, à la rigueur des lignes de l’architecture, devait succéder soudain autre chose, de différent et avec moins de certitudes… La maison semble ainsi et comme se diluer dans le jardin en y gagnant en fantaisie ; de cette rencontre entre modernité et nature, autre chose naît, qui appartient aux deux, mais qui est d’abord singulier, au double sens d’unique et d’original.
Escalier de montagne.
Détachée de la ligne du front de village, la maison nouvelle est, en effet, un peu comme un pion avancé, en léger promontoire, dans une mer de piquets enlacés. Pour fondre ce jardin et cette maison dans leur environnement de vignoble, des cailloux et rocailles ont été déversés en abondance, tout comme on le fait parfois sur certains coteaux pour augmenter encore la réflexion du soleil sur les grappes.
Rivaliser avec la nature
Plus une maison a une belle vue, plus le paysagiste doit faire preuve d’imagination pour que le jardin soit capable de rivaliser avec un spectacle gratuit et attirant comme celui que les propriétaires de cette maison moderne d’un village vaudois ont sous leurs yeux. Avant qu’ils ne la rachètent là ses premiers propriétaires, la demeure était d’ailleurs restée pratiquement sans jardin pendant de longues années. Mais elle méritait un meilleur écrin…
Plaire et surprendre…
Plutôt que de faire de ce jardin un balcon géant sur la belle campagne dominant le Léman, nous avons proposé, autour de la maison, un jardin très gai, fluide, tout en surprises et en circulations, correspondant à l’esprit même de l’intérieur du bâtiment où, un peu à la manière japonaise, avec très peu de portes et des cloisons mobiles, partout la lumière entre et circule. Après qu’il ait garé au nord, le visiteur, doit, pour atteindre l’entrée sur le côté, accomplir un parcours volontairement rallongé et légèrement sinueux entre des éléments métalliques, sans autre utilité que de plaire et surprendre.
Terrasse fraîche pour heures chaudes
Après qu’il se soit annoncé, l’arrivant peut aisément contourner le pseudo obstacle et déboucher sur la première terrasse dite de fraîcheur au sens où, par fortes chaleurs, il fait bon se tenir près de la maison, dans un cadre très verdoyant, foisonnant et à la lumière légèrement tamisée. Accessible directement depuis la cuisine, cet endroit, un peu confiné et à l’abri de tous les regards, est aussi le plus immédiatement et aisément utilisable aux heures des repas d’été pris à deux.
Le jardin qui file vers l’infini
Mais le besoin et l’opportunité existaient aussi d’une deuxième terrasse, très solaire celle-là, à l’ambiance méditerranéenne et qui regarde, devant elle, les kilomètres de campagne qui sont comme la prolongation du jardin, ce dernier semblant, du coup, immense et sans limites… Pour accentuer et parfaire encore cette subtile confusion, plus le terrain se rapproche des vignes en premier plan, plus la végétation choisie devient naturelle et indigène. A l’inverse, plus on remonte vers la maison, plus nous l’avons voulue entretenue, précise et décorative.
Chaque jardin est une autre histoire
Pour qui commence à observer, un jardin réussi correspond ainsi souvent à des exigences imprévues d’harmonie ou, au contraire de ruptures ou de glissements, selon des circonstances qui ne sont jamais les mêmes, puisque toute maison, tout jardin est une autre histoire, dans un autre environnement.
S’adapter au voisinage et aux circonstances
S’adapter à l’environnement, ce peut être aussi tenir compte des jardins limitrophes. Si l’un d’eux a une haie très rustique comme ici, l’intelligence est de ne pas aller à sa rencontre avec un gazon très court. Mais au contraire d’en augmenter la hauteur plus on se rapproche d’elle. Voire de laisser ici et là quelques coins en friche légère, favorable à la petite faune comme aux budgets jardiniers, quand on les étage sur quelques années.
Le charme de l’eau
Une jonction harmonieuse était aussi à trouver entre les deux terrasses. L’idée d’une bassine de plantation d’où surgirait une lame d’eau se déversant dans un bassin hors-sol fut retenue. Soudée dans nos ateliers, cette installation apporte ici une sonorité plaisante et une fraîcheur bienvenue.
Escalier de vigne
Détachée de la ligne du front de village, la maison nouvelle est, en effet, un peu comme un pion avancé, en léger promontoire, dans une mer de piquets enlacés. Pour fondre ce jardin et cette maison dans leur environnement de vignoble, des cailloux et rocailles ont été déversés en abondance, tout comme on le fait parfois sur certains coteaux pour augmenter encore la réflexion du soleil sur les grappes. Et quand on arrive ici par le bas, à travers les vignes, c’est en légère tranchée, par un escalier comme taillé dans le roc, que l’on accède à la terrasse dominant le spectacle.
Correspondances sensibles
A l’arrière de la maison, nous avions réalisé, il y a quelque temps et pour un propriétaire voisin, un long mur bas de soutènement en poutres de chêne rappelant, dans le même esprit, les longs murs de vignes retenant les terrasses plantées. Ce mur, aujourd’hui, se retrouve être en pleine harmonie avec le jardin que nous venons de terminer. Plus que du hasard, il y a là, mystérieusement mais logiquement et à travers mille signes et correspondances sensibles, la marque du temps et l’empreinte de la nécessité.
Se relier à l’histoire et à la beauté
Ainsi cette maison et son jardin sont-ils reliés à toute la beauté qui les environne. Ici où les ceps viennent comme des vagues mourir contre le pied des plus anciennes maisons du village il courrait même, autrefois un chemin de ronde dont il reste quelques traces faites du même bois que nous avons décliné, sous diverses formes, dans ce nouveau jardin où tout fait écho au passé, au temps qui passe. Le caillou des murs et des chemins, l’acier de nos fontaines, le même que celui des échalas, brûlants sous le soleil.