Leur vie changée par un jardin
Leur vie changée par un jardin
Certains propriétaires ne reviennent chez eux qu’une fois par jour, quand ils ont fini leur travail. S’approcher de l’entrée de sa maison, en observer à distance le cadre agréable, et une végétation harmonieuse est donc un moment psychologiquement important, préparant à d’autres retrouvailles à l‘intérieur de la maison ou dans le jardin, généralement de l’autre côté de l’entrée. Or trop souvent, comme dans le cas de cette maison proche de Vufflens, l’aménagement de l’entrée était quasiment inexistant au point que l’on ne faisait plus la différence entre terrain public et terrain privé; et que la route semblait à cet endroit s’élargir en venant lécher la façade. A la laideur de ce type d’endroit s’ajoute souvent un parcage anarchique et la mise en danger des enfants qui viendraient y jouer.
Susciter la curiosité
On y avance donc en serpentant légèrement afin de contourner un bel arbre fraîchement planté pour masquer l’entrée. Tout est donc fait pour que le visiteur soit naturellement porté à imaginer que, derrière l’arbre, quelque chose va se passer, en l’occurrence l’entrée proprement dite de la maison. A la nuit tombée, un éclairage particulièrement soigné ponctue le chemin sans être trop violent. Il révèle les trois couleurs différentes de trois érables faisant écho à trois bouleaux eux-aussi mis en valeur par des luminaires tous différents et proches de véritables sculptures de cuivre dont certaines peuvent être tordues de manière à épouser la forme des branches et des troncs où parfois elles sont installées.
A maison chaleureuse, jardin à la hauteur
Si les propriétaires ont ici décidé d’apporter autant de soin à l’entrée de leur maison, c’est qu’aussi, à l’intérieur ils ont réussi à faire d’une maison des années 70, une maison américaine, chaleureuse, vaste et décloisonnée. Pas étonnant donc qu’ils aient souhaité une même qualité de vie et d’accueil pour les extérieurs… C’est ainsi qu’ils ont également souhaité la création d ‘un véritable jardin en lieu et place d’une banale pelouse sans âme et en plan incliné.
La nuit et ses mystères…
Faut-il ou non éclairer un jardin ? On peut, c’est vrai tirer les volets à la nuit tombée et ne plus vivre qu’à l’intérieur. Mais on peut aussi – plutôt qu’un trou noir – préférer la magie d’un jardin la nuit où comme au théâtre le talent d’un éclairagiste vous fait voyager dans des espaces inconnus. Car un jardin, la nuit n’est plus le même que de jour. On y met en valeur ce que l’on veut. Un bosquet peut devenir cathédrale ou une pièce d’eau le miroir où surgit à l’envers un monde nouveau et comme irréel. A quoi s’ajoute le mystère si l’on prend garde de ne surtout pas tout éclairer.
Etonner pour attirer
Car un jardin, diurne ou nocturne, pour être spectaculaire et chaque fois surprendre, doit aussi varier ses effets. Les buis et toutes plantes aux feuillages persistants sont certes précieux pour donner de la structure et marquer les espaces. Mais encore faut-il prendre garde à ne pas trop les multiplier au point de rigidifier le jardin et tuer toute surprise potentielle. Et dans celui-là, nous avons suggéré d’introduire beaucoup plus de fleurs vivaces qui, tout au long de l’année et à des moments différents attirent le regard et appellent à être visitées. Un jardin réussi est un jardin qui intrigue suffisamment pour toujours déclencher l’envie d’aller voir ce qui s’y passe de nouveau et d’imprévu…
Les bruits de la nuit
Dès la nuit tombée, les bruits eux-mêmes changent et les hôtes du jardins aussi. L’heure est aux hérissons qui sortent, aux chauves-souris qui viennent boire, et parfois aux grands oiseaux nocturnes. L’observation et la rêverie de ces moments-là peut-être solitaire. Ou se partager à plusieurs. Pour ceux qui travaillent beaucoup et sont absents le jour, se retrouver en famille ou avec des amis tard le soir au jardin est un moment précieux et changeant.
Jamais sans ma pompe à chaleur…
Fallait-il une piscine dans un pays où se baigner est possible de fin mai à fin août? «Lui» venu d’une île chaude avait des doutes; «Elle» venue du nord pensait que oui… Une pompe à chaleur les a mis d’accord avec une saison de nage plus longue de 3 mois, d’avril jusqu’en octobre. A l’autre bout du jardin et un peu en contrebas cette fois: les terrassements décrochent en petit amphithéâtre où l’on peut improviser des spectacles. Des jeux d’enfants y sont aussi lovés dans un environnement végétal très gai. La différence de niveau et quelques buissons judicieusement implantés absorbent ici sans problème l’esthétique parfois redoutable de certaines installations colorées et en plastique. Ici tout s’intègre harmonieusement avec en plus, la nuit, d’autres types d’éclairages, toujours en cuivre et de même puissance discrète et ajoutant aux mystères de la déambulation ou exploration nocturne.
Oser reculer la terrasse
Nous avons donc immédiatement modifié les niveaux de terrain en créant une très grande zone plate devant la maison avec, en plein milieu, à l’exact croisement des grandes diagonales, une belle terrasse remplaçant la petite demi-lune collée contre la façade sud de la maison. De ce lieu stratégique, on peut tout voir, aussi bien la maison et la vie qui s’y déroule que l’ensemble du jardin dans lequel on est complètement immergé.
Intimité des conversations
Cette terrasse centrale est très discrètement encaissée: l‘endroit est favorable à l’intimité des repas et des conversations ou des moments passés sur les transats. Ici, quand la fraîcheur et la nuit surviennent, les dalles et le métal des bordures restituent aussi la chaleur de la journée. Et de là on peut rejoindre la maison ou se diriger vers la piscine ou d’autres endroits sans marcher sur le gazon et en restant sur de la pierre ou des dalles de même nature mais mises en place de manières variées. Dans un angle du jardin, tout près de la piscine et en en surélévation pour que, de là, on puisse tout considérer, une grande boma de poutres en chêne est lovée dans un écrin de lavandes et de tulipes de cuivre qui la nuit, en feu d’artifice éclairent subtilement la scène.