Le jardin que l’on oublie de mesurer
Le jardin que l’on oublie de mesurer
D’un précédent jardin de 1500 m2 avec un environnement de nature et de rivière, cette propriétaire est passée ici à soixante mètres carré du devant d’un ancien bâtiment rénové, à l’intérieur d’un village de la Côte. Le défi, pour nous, n’en était que plus intéressant…
Magies de la diagonale…
Après avoir bien repéré le trajet du soleil, nous avons proposé de diviser le jardin selon deux triangles rectangles, séparés, en diagonale donc, par une allée menant de la sortie de la maison, à la sortie du jardin. Tout en allongeant réellement le cheminement, cette diagonale a pour autre effet, optique celui-là, d’agrandir la surface… Dans le premier triangle dont le pied de la façade constitue l’un des côtés, a pris place le coin repas, légèrement distancé de la façade et travaillé en jardin dit «de confinement», comme un ailleurs protégé par un grand parrotia persica, sorte de charmille au bois gris très lumineux; suffisamment transparent pour que la lumière le traverse mais qui donne en même temps le sentiment, dessous, d’une intimité parfaite.
Jouer les floraisons.
Et jamais autour de cette terrasse, il ne manque de fleurs abondantes et de couleurs ou senteurs différentes, selon les saisons. Arbustes ou vivaces: tout ici est programmé avec le calendrier très précis des floraisons.
Jouer la chaleur…
Plus loin, dans l’autre triangle, une deuxième terrasse en bois est légèrement enfoncée dans la plate-bande où elle s’inscrit. Deux chaises et une petite table ronde peuvent y prendre place. Ou alors deux transats. Car l’endroit est ici plein sud, très solaire, avec de grandes lavandes et de belles graminées.
Jouer la fraîcheur
Mais quand la journée a été si chaude que l’on cherchera plutôt la fraîcheur, c’est ailleurs, davantage contre la maison, qu’on la trouvera. D’entente avec la propriétaire, nous avons, avec une végétation luxuriante et très feuillue, protégé sa façade plein sud de l’excès éventuel d’ensoleillement; et installé à son pied des plantes humifères sans rapport avec le milieu plutôt séchard de la micro terrasse solaire, quelques mètres plus loin. Ce petit jardin est donc riche d’impressions et de prestations très différentes.
Jouer les niveaux
Soit une diversité que l’on retrouve aussi dans de subtils et constants changements de niveaux: certains massifs sont volontairement rehaussés pour se détacher encore mieux. L’allée centrale est par contre légèrement enfoncée, tout comme la deuxième terrasse, plus méditerranéenne. Il s’en dégage une ambiance générale très cocooning.
Faire oublier les repères
Très sollicité encore par des natures de feuillages, des couleurs de branches et de troncs très différentes, le visiteur en oublie les dimensions réelles du jardin. Il y a peu, vingt-cinq personnes ont passé ici tout un après-midi et plus tard encore… sans que personne ne s’étonne que la plus grande terrasse fasse trois mètres sur quatre et l’autre trois fois moins. Quand on perd ses repères – et tout ici y contribue – on oublie sa capacité et même l’idée de mesurer les mètres carrés…